Cet article a été initialement publié sur le site académique des professeurs-documentalistes de l’académie de Lille, dans le cadre des TraAM (Travaux académiques mutualisés) sur le thème de l’intelligence collective. (Ici)
Audrey Callebaut, professeure-documentaliste à l’EREA – ERDV Ignace Pleyel de Loos, présente une séquence sur la réalisation d’une émission de webradio par des élèves en Terminale CAP, dans le cadre de leur chef d’œuvre.
Ce projet s’inscrit dans le cadre des TraAM Documentation 2023/2024 sur l’intelligence collective au service des compétences du XXIème siècle : développer les pédagogies info-documentaires à travers l’intelligence collective et accompagner les élèves dans le développement de pratiques collaboratives.
Contexte : l’EREA Ignace Pleyel de Loos reçoit, au sein de son lycée professionnel, une majorité d’élèves à besoins éducatifs particuliers (déficience visuelle, troubles du spectre autistique, troubles cognitifs…). Dans le cadre du chef d’œuvre en terminale CAP « Production et Service en Restauration », les enseignants ont réfléchi à la façon de permettre aux élèves de valoriser leur filière et leur projet de chef d’œuvre.
Une webradio existant déjà au sein de l’établissement (elle fonctionne sous forme d’atelier avec des élèves volontaires), la professeure-documentaliste a alors proposé la réalisation d’une émission, menée de bout en bout par les élèves de la filière (répartis en deux classes).
Ce projet s’est déroulé sur une période complète de janvier à février 2024 (11 séances) et a fait appel à l’intelligence collective dans la mesure où il nécessitait, pour les élèves, de collaborer en vue d’une réalisation commune, en tenant compte des compétences et des capacités de chacun au sein d’un groupe très hétérogène. Les conférences de rédaction ont été des moments privilégiés de mise en œuvre de cette intelligence collective.
Ce projet a également mobilisé l’intelligence collective des enseignants. Il est le fruit d’une collaboration entre la professeure-documentaliste et la professeure de français qui ont conçu ensemble la séquence, mais aussi avec les enseignants du domaine professionnel qui ont apporté leur regard critique et leur validation sur le contenu professionnel produit par les élèves.
A travers l’intelligence collective, le projet a permis de développer des compétences EMI, des compétences disciplinaires, des compétences comportementales et des compétences psycho-sociales.
Les élèves ont décidé de titrer leur émission, « les TPSR passent à la casserole ! ».
Détails, compétences et déroulé à découvrir via le support ci-dessous:
Compétences EMI
Compétences CRCN
Bilan:
Ce projet, étalé sur un temps assez long, a mobilisé la motivation et la persévérance des élèves ! L’organisation variée des séances, parfois en classe seule, parfois en réunissant les 2 classes, dans des espaces différents (CDI, salle de classe, salle pupitre, ateliers professionnels) a permis de rythmer la période et de maintenir l’attention des élèves qui se sont sentis investis d’une responsabilité afin de mener à bien le projet. Annoncer d’emblée une date butoir pour l’enregistrement de l’émission a permis de mobiliser les élèves vers un objectif commun.
L’objectif des enseignants était également de rendre autonome au maximum des élèves qui ont l’habitude d’être beaucoup accompagnés dans leurs apprentissages du fait de leurs difficultés scolaires, sociales ou physiques. L’idée était de leur donner les rênes du projet: pour l’émission, ils ont décidé de leurs sujets, de leur hiérarchisation dans l’émission, de la distribution des rôles pour l’écriture des chroniques; certains élèves, en tant que rédacteurs en chef ont pris la direction des conférences de rédaction. Les élèves ont dû collaborer entre eux pour assurer la cohérence de l’émission (pas de répétition entre les chroniques, rôle des présentateurs pour écrire des lancements et des transitions qui avaient du sens…).
Les élèves se sont sentis valorisés dans ce projet qui a donné l’occasion à des enseignants du domaine général d’aller dans leurs ateliers: ils étaient alors en position de « sachant »: montrant leurs équipements, expliquant leurs savoir-faire… Fiers de valoriser leurs compétences, cela leur a permis de stimuler leur créativité (sur l’invention des jingles avec les bruits de la cuisine notamment), d’encourager leur prise d’initiatives (aller au devant des personnels pour réaliser des interviews par exemple).
Stressés à l’approche de l’échéance, ils ont dû travailler sur la gestion de leurs émotions et sont ressortis de cette expérience fiers d’avoir réussi le défi lancé par leurs enseignants six semaines auparavant.
